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Observatoire FnAK 2017

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Avec le Brexit et l’élection de Trump, la donne a vraiment changé. La crise financière de 2008 avait déjà transformé les conditions de travail, fragilisé le monde académique et précarisé le recrutement ; à présent, la contribution des scientifiques à la société est remise en question. Le sentiment des gens est que la science et la politique les ont laissés pour compte. Face à cette nouvelle secousse, les organisations européennes en sciences, recherche, éducation et innovation ont dû réaffirmer le besoin d’un échange ouvert des idées et des personnes[1],[2].

Mais faire face à l’inattendu, au contre-intuitif et à l’irrationnel du sillage post-Brexit appelle une autre réponse. Les chercheurs, qui avaient déjà appris à se vendre, mettre en avant leur adaptabilité, leur capacité à travailler en équipe ou leur aptitude à valoriser leur réseau, sont aujourd’hui confrontés à l’obsolescence d’une gouvernance du sommet vers la base. Dans ce nouveau monde, où ce que nous savons est qui nous connaissons, le défi des scientifiques est d’assurer une plus grande contribution de la base vers le sommet pour éclairer la future politique scientifique et sociale.

Les nouveaux concepts de politique scientifique apparus récemment (RRI, open-science, etc.), ouvrent de nouvelles voies vers une recherche et une innovation plus pertinentes pour la société. Les conditions préalables sont, entre autres, l’adoption dans le travail scientifique de principes d’intégrité, d’ouverture, de responsabilité et de pluridisciplinarité. Les sciences sociales et humaines ont également un rôle clé à jouer.

Or ce nouveau contrat social ne peut être réalisé qu’en créant une communauté forte qui le soutient. L’émergence souhaitée d’un Homo scientificus europaeus revigorera-t-elle la voix des scientifiques en Europe ?

L’Union Européenne n’a certes pas attendu pour formaliser son propre modèle de transmission des connaissances scientifiques dans ses politiques, et définir son mécanisme consultatif scientifique (SAM)[3]. Mais il est trop tôt pour juger, avant d’avoir déterminé où et comment apporter sa contribution.

Dans le grand chamboulement du paysage international, les pays qui avaient pris de l’avance dans l’accompagnement de la carrière scientifique – l’Allemagne et le Royaume-Uni – sont avantagés, même si l’incertitude prévaut désormais Outre-Manche depuis le Brexit et les perspectives incertaines liées à la circulation des idées et des personnes.

Une enquête allemande menée auprès de 4900 doctorants et post-doctorants – hommes et femmes, avec et sans enfants – visant à savoir si les jeunes chercheurs restent dans la recherche après avoir fondé une famille, a permis d’identifier les aspirations professionnelles et familiales parmi les chercheurs interrogés. L’enquête a révélé qu’ils ne souhaitent pas mettre en veilleuse leurs objectifs familiaux en raison de leur carrière. L’inverse est également vrai : les jeunes chercheuses – et exceptionnellement les femmes post-doctorantes – qui ont déjà fondé une famille veulent rester à l’université pour suivre leurs ambitions professionnelles et équilibrer les exigences liées au travail et à la vie familiale. Avec une politique favorable à la famille, les universités jouent un rôle déterminant. En France également ?

[1] Déclaration de Bruxelles : http://seppi.over-blog.com/2017/03/la-declaration-de-bruxelles-sur-l-ethique-et-les-principes-pour-l-elaboration-des-politiques-en-matiere-de-science-et-de-societe.htm

[2] Marche pour les sciences : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marche_pour_les_sciences

[3] Conference for Science Journalists 2017 : http://www.eusja.org/wp-content/uploads/2018/01/ECSJ2017-final-Report-1.pdf